Les églises fortifiées se situent dans la Thiérache axonaise et ardennaise. Entre le XIIIe et le XVIIIe siècles, la région fut assaillie par des Anglais, des Autrichiens, des Hongrois, des Espagnols, des mercenaires français et espagnols ainsi que par toutes sortes de pillards hollandais. Il fallut donc se protéger de tous ces dangers. C'est pourquoi de nombreuses églises furent fortifiées et conçues avec des canonnières en leurs murs. On peut distinguer deux formes de défense : la plus spectaculaire consiste en un donjon de briques et de pierres rajouté à l'espace liturgique, la seconde consiste en une édification agrémentée de tours et d'échauguettes percés de meurtrières. Les habitants des villages pouvaient ainsi s'y réfugier et y vivre pendant les sièges se protégeant et se défendant comme dans un château imprenable. Ces fortifications étaient d'une efficacité redoutable et n'avaient pas à supporter les charges d'artilleries lourdes grâce aux chemins défoncés volontairement qui les entouraient.
La plupart des églises fortifiées ne sont malheureusement pas ouvertes mais c'est surtout leur aspect extérieur que l'on vient admirer
ARCHON
À ses origines, Archon portait le nom d’Archium en 1124. Son nom signifie « Petite arche de pont, ou pont aux petites arches ».
Son église Saint-Martin est fortifiée et l’on remonte jusqu’à 1660 pour retrouver des archives qui témoignent de baptêmes. Mais sa construction est plus ancienne et remonte au XVIe siècle pour ce qui est de l’église actuelle. Une première église ayant été construite au XIIe siècle.
La façade est protégée par deux tours rondes. Toute de briques vêtue, l’église est imposante et majestueuse au milieu du village. Son système de défense, fortifié durant les guerres de religion, est tourné sur l’entrée, à défaut du clocher souvent utilisé, celui-ci étant trop fin pour devenir un système défensif. Un chemin de ronde relie les deux tours offrant une parfaite défense en encorbellement, au-dessus de la porte d’entrée.
BANCIGNY
L'église Saint-Nicolas de Bancigny fut construite au début du XVIIIe siècle. L'entrée et la façade sont défendues dans les angles par deux tourelles avec des parties supérieures arasées vers 1900. Les murs sont composés de briques et de pierres. Les fonts baptismaux sont en pierre taillée avec un couvercle en bois. Des sculptures datant du XVIe siècle représentent un Christ en croix entre la Vierge Marie et Saint-Jean, provenant d'une ancienne poutre de gloire, la poutre sculptée et peinte que l'on retrouve souvent entre la nef et le chœur d'une église, à l'entrée du transept ou à l'orée de l'abside.
BEAURAIN
L'église Saint-Médard de Beaurain fut construite au milieu du XVIe siècle. Elle possède un imposant donjon carré en pierres et briques, flanqué de deux échauguettes rondes prenant appui sur les contreforts d'angle. C'est l'une des plus imposantes églises fortifiées de la Thiérache. Une statue de Saint-Médard datée du XVe ou XVIe siècle est abritée dans une ouverture longtemps murée et située à 3 mètres du sol. Une cheminée cachée également présente une particularité : elle ne possède pas de conduit. La fumée devait passer par des interstices entre les briques pour sortir à différents endroits en permettre ainsi de ne pas être repéré de loin. La construction de cet édifice étant si remarquable, il fallait un financement à la hauteur. Et c'est le Duc de guise et l'abbaye carolingienne de Prüm en Allemagne, communauté richissime du XVesiècle qui avait des antennes en Thiérache, qui finança les travaux.
BURELLES
L'église Saint-Martin de Burelles est inspirée de l'architecture militaire. Elle est constituée de nombreux éléments de fortifications : donjon avec tourelle et échauguettes, accompagnées de meurtrières et de mâchicoulis. Bonne protection à l'époque des guerres de religion pour les villageois qui pouvaient soutenir un siège.
CHAOURSE
La fortification de l'église Saint-Martin de Chaourse date de 1365, quand le Roi de France autorise la fortification du lieu qui lui date du XIIIe siècle. Un mur de défense est construit autour de l'église. Au XVIe siècle, l'entrée est complétée par deux tours rondes qui semblent aujourd'hui être les derniers vestiges du système défensif. Le clocher est élevé et percé de meurtrières.
L'entrée gothique de la porte latérale est ornée de sculptures aujourd'hui mutilées et l'intérieur est intéressant et libre d'accès.
CUIRY-LÈS-IVIERS
L'église Saint-Martin de Cuiry-lès-Iviers est identifiable par sa grosse tour ronde qui protège la nef. Elle est coiffée d'un clocheton d'inspiration flamande. Le clocher servait de tour de défense. Sa construction date du XVIe siècle. Côté chœur de l'église, deux tours rondes circulaires viennent terminer l'ouvrage.
DOHIS
L'église de la Nativité-de-la-Sainte-Vierge de Dohis a eu plusieurs périodes de construction : les XIIIe, XVIe, XVIIIe et XIXe siècles. Ce village fut une seigneurie relevant de la baronnie de Rozoy. Dohis a conservé de belles fermes ainsi que la maison du bailli datant du XVIe siècle. L'église possède un donjon-porche du XIVe siècle témoigne de la première vague de fortification durant la guerre de Cent Ans. La nef serait d'origine romane du XIIe siècle, le Chœur et le transept ont été remaniés du XVIe au XVIIIe siècles. Des maisons et le mur du cimetière faisaient office d'enceinte de l'église.
ESQUEHÉRIES
L'église Saint-Martin d'Esquehéries est un bâtiment massif et élégant avec ses quatre tours d'angle. Elle fut construite entre 1570 (lorsque le Duc de Guise autorise la vente d'une partie des terres pour la reconstruction d'un lieu de culte dans la commune) et 1670. Transformée en fabrique de poudre durant la Révolution, elle fut agrandie à la fin du XIXe siècle. La Première Guerre mondiale l'endommagera fortement et en 1920, l'église sera reconstruite.
FÉRON
L'église Saint-Martin de Féron est l'une des trois églises fortifiées de l'Avesnois, la Thiérache du Nord, avec Fontaine-aux-Bois et La Neuville-en-Avesnois. Son clocher est un énorme donjon carré garni de meurtrières. Au nord, une tour ronde comporte un escalier en colimaçon desservant les différentes salles. Elle fut construite en 1614. À cette époque, Féron se trouvait à la frontière franco-néelandaise ce qui faisait de ce village une cible souvent attaquée et particulièrement lors d'une guerre en 1636. Le nom de Féron provient des riches mines de fer que le sol du territoire renfermait. L'activité se poursuivit jusqu'au XVIIIe siècle avec notamment la fabrication de plaques de cheminée que l'on retrouve encore dans la région.
GRANDRIEUX
L'église Saint-Nicolas de Grandrieux fut bâtie à la fin du XVIe siècle. L'aménagement des fortifications est la conséquence des guerres de religion. Des canonnières ont été conçues un peu partout dans les murs pour la défense. Cette petite église semble avoir subi plusieurs remaniements comme la plupart des églises fortifiées. Le chœur est carré flanqué d'une tour avec un diamètre important. Des meurtrières sont disposées à différentes hauteurs de la tour.
GRONARD
Au XIIe siècle, première construction d'une église, Saint-Théodulphe de Gronard. Puis en 1537, en se positionnant sur des piliers existants, le chœur et le transept sont reconstruits en pierres blanches. La fortification arrive au XVIe siècle par l'ajout de deux tours rondes de défense et d'un donjon incluant la salle de repli. Au XIXe siècle, le donjon est partiellement arasé pour être transformé en clocher.
HARY
L'église Saint-Corneille-et-Saint-Cyprien d'Hary est une église fortifiée qui se compose d'un solide donjon-clocher dont le but n'était pas d'arrêter une force ennemie mais plutôt d'offrir un asile sûr pour les habitants du village. En effet, le clocher n'offrait qu'une résistance passive, consistant dans sa masse et l'épaisseur de ses murs. Aucune autre trace de défense militaire habituelle comme les mâchicoulis, les créneaux ou meutrières n'apparaissent.
JEANTES
L'église Saint-Martin de Jeantes présente un clocher-donjon rectangulaire, ce qui est rare dans les églises de la Thiérache, flanqué de deux tours carrées en briques qui datent du début du XVIIe siècle. L'église est mentionnée au XIIe siècle dans une charte de l'évêque de Laon. Il ne subsiste cependant rien de cette première église, à l'exception des fonts baptismaux. Le Chœur et la nef ont été rebâti vers 1620. La façade occidentale a été modifiée au cours du XIXe siècle.
LA BOUTEILLE
L'église Notre-Dame de La Bouteille fut bâtie en 1547 par les moines de Foigny. C'est un parallélogramme composé de briques et de pierres, flanqué d'une tour à chacun de ses angles comportant chacune des meurtrières pour permettre la défense de l'édifice. En 1821 fut élevée une flèche d'une très grande hauteur qui pouvait faire craindre un éboulement sur l'édifice. Elle fut remplacée quelques années plus tard par une autre plus courte avec 5 mètres de moins. L'église de La bouteille possède un calice du XVe siècle provenant de Foigny.
LAVAQUERESSE
L'église Notre-Dame-de-l'Assomption de Lavaqueresse offre un clocher qui ressemble à un donjon de château fort. Les quatre tours sont distribuées de manière asymétrique avec trois tours sur la façade nord et une seule sur la façade sud. Elle possèdent que très peu fenêtres de tirs telles que des meurtrières que l'on constate sur d'autres églises fortifiées de la région.
LIART
L'église Notre-Dame de Liart est située dans les Ardennes et date du XVIe siècle. Elle est construite sous l'impulsion de François Ier qui encourage les fortifications, qu'elles soient à l'initiative de la noblesse, du clergé ou de la population car les conflits sont incessants entre l'Empire germanique de Charles Quint et le Royaume de France. Le Chœur de l'église de Liart est financé par l'abbaye Sainte-Nicaise de Reims et la tour-porche par les habitants. L'entrée est donc composée d'un donjon percé de canonnières, surmonté d'un clocher entouré de clochetons, et agrémenté d'une bretêche permettant la défense verticale.
LOGNY-LÈS-AUBENTON
L'église Saint-Rémi de Logny-lès-Aubenton est élégante avec son unique tour d'angle posée sur quelques rangées de pierre et le reste de briques qui laisse entrevoir huit canonnières de tailles déférentes sur ses parois. De l''église primitive du XIIIe siècle date le chœur en pierre de taille calcaire. La nef et la façade occidentale avec le portail et la tourelle fortifiée abritant un escalier ont été reconstruites à la fin du XVIe siècle.
MACQUIGNY
L'église Saint-Martin de Macquigny possède un imposant donjon de pierre de taille du XIIe siècle et remanié en 1501 par l'ajout d'échauguettes en briques. Le Chœur a été entièrement reconstruit au XVIe siècle. Les échauguettes en encorbellement présentent des arcatures, ces arcades d'ornementation et de soutien de la charge supérieure des murs et du toit. La façade porte des traces de mâchicoulis, ces galeries que l'on retrouvait sur les murailles médiévales et dont le plancher ajouré permettait de laisser tomber des projectiles pour défendre à la verticale les bases des murs. Le centre du village ne permettant pas de défense naturelle, la protection de l'église était assurée par l'agencement de maisons espacées de ruelles étroites.
MONTCORNET
L'église Saint-Martin de Montcornet date du XIIIe siècle. Elle est le témoin de la transition entre le roman et le gothique. La fortification résulte de deux séries de travaux : la première en 1550 mettant en place un donjon de pierre basé sur les contreforts de la façade, puis suite à un incendie en 1574, la partie supérieure de cette église est rebâtie en briques et pierres au début du XVIIe siècle installant en supplément des échauguettes de brique. La fortification de l'église est l'une des plus remarquables de la Thiérache car la symétrie de sa structure est parfaite de tout côté. Cet ensemble architectural fut bâti parles Templiers, ce qui explique l'originalité de son plan en croix grecque, aussi large que longue. Huit tourelles élégantes lui donnent l'aspect d'un château-fort. La flèche qui s'élevait au-dessus de l'édifice fut détruite en 1574.
MORGNY-EN-THIÉRACHE
L'église Saint-Nicolas de Morgny-en-Thiérache fut fortifiée au XIIIe siècle. Son chœur est flanqué de deux tours rondes qui ne dépasse pas le toit, ce qui les rend presque invisibles. Le chœur est surmonté d'un clocher et d'une salle refuge dite la salle d'armes. L'entrée à l'ouest se fait par un portail gothique du XVe siècle accompagné de deux échauguettes en briques, alors que les murs sont en pierres blanches.
NOIRCOURT
La fortification de l'église Saint-Nicolas de Noircourt date du XVIe siècle sur des vestiges aujourd'hui inexistants d'un château du XIIIe siècle. Le clocher est la pièce maîtresse de la défense accompagné de deux échauguettes d'angle importantes permettant un tir sur 270° et sur deux niveaux par les petites ouvertures parsemées dans les murs. Des contreforts imposants viennent renforcer ce dispositif de défense. Le transept possède un système défensif identique à celui du clocher avec des échauguettes d'angle. Mais la symétrie n'est pas assurée. En effet, la croix du transept est vraie côté sud, mais côté nord, une simple tour ronde est construite et ne poursuit pas la croix habituelle des transepts.
NOUVION ET CATILLON
La commune résulte de la fusion de Nouvion-l'Abesse et de Catillon-du-Temple sous le vocable Nouvion et Catillon. Chacun des villages avait une église fortifiée. Cette commune est donc la seule à posséder deux églises fortifiées. L'église Saint-Rémy de Nouvion et Catillon, anciennement Nouvion-l'Abesse, date du XIVe siècle. Tours et échauguettes agrémentées de meutrières entourent le clocher. C'est en fait un vieux donjon fortifié qui porte les traces des guerres passées. L'église fut pillée et dévastée à plusieurs reprises. Un boulet reste encore encastré dans le mur de la tourelle ouest. Mais elle n'eût pas à souffrir de la grande guerre de 1914-1918.
ORIGNY-EN-THIÉRACHE
L'église Saint-Cyr et Sainte-Julitte d'Origny-en-Thiérache doit son nom à ce saint et à sa mère Julitte, deux martyrs chrétiens du IVe siècle. Elle fut fortifiée au début du XVIIe siècle. La date de 1606 est d'ailleurs visible sur l'une des tours. Mais les constructions principales de l'église d'Origny remonterait à 1150. La façade présente un aspect donjon rectangulaire accompagné de deux tours cylindriques en briques sur des bases de grès.
PARFONDEVAL
L'église Saint-Médard de Parfondeval est bâtie au cours des XVIe et XVIIe siècles. L'église est défendu par un donjon et deux imposantes tours assurant un refuge pour les habitants du village, harcelés et pillés par des régiments de passage. Trop petite pour accueillir ses paroissiens, l'église s'est agrandie après la Révolution française avec la construction de deux bas-côtés. Située dans un site parmi « les plus beaux villages de France », l'église est harmonieuse et se marie parfaitement avec les maisons de briques, coiffées d'ardoises qui l'entourent.
PLOMION
L'église Notre-Dame de Plomion est une imposante église fortifiée édifiée au XVIe siècle sur les bases d'une ancienne église. La fortification fut financée par la vente de mobiliers et d'objets de culte. Au printemps 1651, Plomion eut à subir un assaut de plus de 3 000 mercenaires commandés par un colonel espagnol. Construite entièrement en briques, l'église de Plomion reprend tous les éléments de l'architecture militaire médiévale : donjon encadré de deux tours, tourelles et échauguettes avec plus de 60 meurtrières empêchant l'approche des abords de l'édifice. Des balcons en bois ressemblant à des hourds de châteaux étaient même présents en façade permettant des lâchers de pierres et de d'huiles bouillantes sur les ennemis pour défendre l'entrée de l'église.
ROCQUIGNY
L'église Saint-Christophe de Rocquigny se situe dans la Thiérache ardennaise. Les tours rondes massives et élégantes montent la garde autour du donjon et du portail. Les tours et les donjons ont été adjoints au XVIe siècle à une église plus aincienne afin de la fortifier. En 1878, la nef fut reconstruite. Dès 1910, lecuré du village instaure une procession annuelle et en 1923, cette procession devient un pélerinage avec la bénédiction des voitures, ce qui attire des participants des différentes communes du département et des départements voisins ainsi que de la Belgique.
ROUVROY-SUR-AUDRY
L'église de Servion à Rouvroy-sur-Audry a été construite au XVe siècle. La construction s'est poursuivie sur les XVIIe et XIXe siècles. Aujourd'hui, ce n'est plus un lieu de culte mais un petit centre culturel en Thiérache ardennaise. L'édifice présente une tour porche de plan carré agrémenté de deux tours d'angles percées de canonnières. À l'intérieur, on peut y découvrir une stèle gallo-romaine et une chapelle latérale datant du XVIIe siècle.
ROZOY-SUR-SERRE
L'église Saint-Laurent de Rozoy-sur-Serre a été construite à partir d'une ancienne collégiale dont le Chœur date du XIIe siècle. Le transept a été bâti au XIVe siècle et les murs de la nef ont été reconstruits en brique au début du XVIIe siècle. La façade ouest et les piliers de la nef datent du XIIIe siècle et ont été restaurés à la fin du XIXe siècle. C'est en 1018 que Hildegaud, un puissant seigneur de Rozoy en Thérache fait construire une chapelle dans l'enceinte du château. Puis, il fonde un collège de chanoines. L'église est consacrée par l'évêque de Laon sous l'invocation de Saint-Laurent. Aujourd'hui, une association locale « Les Amis de Rozoy et de sa collégiale » organise visites guidées, conférences et spectacles.
VERVINS
L'église Notre-Dame de Vervins est de style gothique flamboyant fortifiée au XVIIe siècle. La première église fut construite au XIIe siècle et agrandie au XIIIe siècle. L'édifice est détruit à la suite du siège dans la ville de Vervins par les Espagnols en 1552. Des travaux d'embellissement durèrent jusqu'à la fin du XVIe siècle. Le clocher, une très grosse tour carrée, va à s'amincissant vers le haut. Une tourelle ronde se trouve à un angle du transept et est agrémenté de meutrières. L'église de Vervins n'avait pas besoin d'être véritablement fortifiée puisqu'elle était positionnée à l'intérieur d'une enceinte fortifiée. La ville devait ses remparts au Sire de Coucy Raoul Ier qui, en 1163, protège la cité. Des 22 tours initiales, il en reste aujourd'hui une dizaine qui ont résisté à huit sièges.